Hugues, 27 ans, ingénieur de production chez un grand fabricant de produits cosmétiques.
Quelle est votre activité ?
Je fabrique des bases pour shampoings. Il s’agit de faire réagir des matières premières, la plus part d’origine végétale, pour constituer les composants du shampoing : bases lavantes, agents de démêlage des cheveux, agents de brillance, substances revitalisantes du cheveu…..
Qu’aimez vous dans votre métier ?
- Le pouvoir de réaliser des produits à la fois indispensables et porteurs de rêves et plaisirs, grâce à leurs propriétés embellissantes. Lorsque je retrouve mes shampoings dans les rayons de grandes parfumeries, j’en suis fier car c’est moi qui les ai faits.
- Le plaisir de travailler en équipe. Dans mon atelier de production, nous sommes 6, mais nous sommes tout le temps en liaison avec le laboratoire. Il me transmets les consignes de fabrication, mais est à l’écoute de mes recommandations pour améliorer les produits, économiser l’énergie et les matières premières, veiller à la propreté et à la protection de l’environnement. Le labo assure également les contrôle de ma production. A l’autre bout de la chaîne de fabrication, l’atelier de conditionnement, en contact permanent avec moi et mon équipe, exige le respect de la qualité et des délais. Il est mon client et le plus exigeant. Les produits capillaires agissent en contact avec de la matière vivante. Ils doivent être efficaces, impeccables en qualité, et ne pas porter atteinte à la santé et à la sécurité du consommateur. Mon souci de chef responsable est de travailler avec rigueur, hygiène et sécurité parfaite.
- L‘esthétique de l’atelier de production. Les équipements en acier inox et en verre sont beaux. On les maintient dans un état de propreté absolu. De plus, l’informatique et les automatismes très nombreux facilitent les tâches de fabrication. Il n’empêche que je ne reste pas passif derrière l’écran de de pilotage de l’installation. Je circule fréquemment dans l’atelier et fait appel à tous mes sens pour détecter les anomalies. Pour l’ouie, par exemple, je détecte une pompe fatiguée par son ronronnement plus aigu. Au toucher, je sens la vibration normale d’un filtre tamiseur.
- La référence à la science et à la technologie : les shampoings et les cosmétiques évoluent vite et sur mon bureau vous trouverez des livres de biochimie, chimie organique, mécanique des fluides….pour perfectionner mon potentiel de chimiste.
Comment est née votre vocation de chimiste ?
Mon oncle, viticulteur et maître de chai me l’a révélée. A 13 ans je l’aidais à assurer la vinification.. Dans un chai, il faut réagir vite et juste à temps, particulièrement pour le vin rosé. Je courais donc du pied des cuves où je prélevais les échantillons de moût pour les apporter dans un petit labo attenant à la cuverie. Là, je mesurais au réfractomètre l’évolution des taux de sucre. Avec le colorimètre, on ajustait la teinte du rosé. Les températures de cuves étaient soigneusement consignées et le cas échéant, j’enclenchais le groupe frigorifique. De plus, et c’était plus physique, il fallait manipuler les tuyaux et flexibles, les pompes entre les cuves afin d’assurer les transvasements et soutirages.
J’essayais de comprendre les mystères de la fermentation alcoolique, que l’on suivait, l’oreille collée à la cuve pour l’entendre chanter et éviter les emballements, les dégagement brutaux de CO2. C’était magique et j’ai découvert que l’utilisation et l’éducation de nos 5 sens, chez le vigneron, valent bien certains instruments scientifiques et sont indispensables au talent du chimiste.
Quelle voie, avez-vous choisie pour entrer dans une école de chimie ?
En début de Terminale S, je me suis renseigné sur les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles et comme la chimie me plaisait, j’ai opté pour une Classe Préparatoire Intégrée à une école de chimie, celle de Rennes. Le recrutement se fait sur dossier et entretiens. Les examinateurs apprécient les motivations, la personnalité bien sûr, et l’équilibre des notes scolaires (dont celles des langues et du français). Ce cycle préparatoire dure 2 ans et offre un environnement moins stressant que les concours d’entrée. Il permet sur avis d’un jury d’intégrer une école parmi 3 sans concours. C’est l’École Nationale Supérieure de Chimie de Lille qui a retenu mon choix pour des raisons personnelles.